dimanche 5 juin 2016

Libraire, métier d'avenir ?



Le nouveau cycle pédagogique de Kerlug est consacré aux métiers du livre, à écouter en parallèle sous forme d'émissions sur Radio Évasion et à lire sur ce blog.
Premier dossier, le métier de libraire qui, contrairement à ce qu'on pourrait penser, a de beaux jours devant lui. 

Comme toujours, nous partons du concret, et du témoignage d'un libraire, Jean-Michel Blanc, devenu directeur de librairie, en particulier Ravy à Quimper.

Formation et qualités du libraire


On se forme généralement au métier de libraire en IUT (institut universitaire de technologie). Cependant, selon les degrés de spécialisation, les formations de libraire vont du brevet professionnel (BP) au master métiers du livre et de l'édition.
Il existe en France de très nombreuses formations au métier de libraire ou d'employé de librairie, 
y compris en alternance.
Le problème c'est qu'il y a sans doute bien plus de diplômés que de places réellement disponibles sur le marché du travail : une centaine environ.


Une centaine de postes de libraire chaque année


Pour se former, Jean-Michel Blanc préconise la région parisienne car c'est le meilleur endroit pour acquérir la culture générale indispensable à ce métier. L'offre culturelle y est à la mesure de la curiosité que doit manifester un futur bon libraire
Pour exceller dans ce métier, il faut bien sûr :
  • être un gros lecteur (3 à 4 livres par semaine),
  • veiller en permanence sur l'actualité culturelle,
  • aimer la vente et la relation avec les clients.

"Ce qui est très stimulant dans ce métier, c'est qu'on vend en permanence un prototype. Un même livre sera différent selon son lecteur. La production et la vente de livre ne seront jamais tout à fait une industrie"


Commerce et relation client


Même si le libraire est un conseiller cultivé, même si le produit livre est très spécifique car chargé de sens, la librairie reste un commerce qui doit vendre ce produit.

Alors comment vend on des livres ?
D'abord, il faut savoir cibler et segmenter son offre, autrement dit savoir quel livre proposer à quel client. 
"La pire erreur du libraire serait de vouloir vendre à tous ses clients un livre parce qu'il l'a lui-même adoré !"


Il faut donc :
  • savoir écouter et savoir poser les bonnes questions au client pour cerner ses besoins,
  • savoir accueillir le client dans la librairie, lui proposer davantage que des livres,  également des « ambiances » ou des animations.

La librairie Ravy réalise 300 à 500 ventes quotidiennes. 25 à 30 % des achats passent pas un conseil des libraires, leur présence et leur compétence sont donc importantes.
Quant au magasin de Quimper, Jean-Michel Blanc a pensé avec soin son ergonomie et la circulation dans les espaces. 
Il a cherché à créer un ambiance et conçu sa librairie comme un jardin public avec des espaces marqués mais ouverts, un passage facile et souple de l'un à l'autre, une vingtaine de sièges pour se poser à l'écart...

15 % des clients de la librairie ne passent cependant pas par la boutique. Ce sont les collectivités, établissements publics et les écoles qui lancent des appels d'offres auxquels répond la librairie Ravy. Ces acheteurs publics ont tendance à faire appel aux librairies ; c'est une forme de soutien à l'activité locale et à ce type de commerces.  

Gestion et choix des livres à vendre


160 livres sortent par jour : comment faire son choix ? Quels titres mettre en rayon dans sa librairie ?
Bien sûr, le libraire fait ses choix en fonction de sa culture et de la clientèle qu'il cible. 
Mais il s'insère aussi dans un processus de production et de diffusion, à l'organisation bien rodée, la chaîne du livre 
  • Les auteurs sont nombreux, même si peu vivent de leur plume.
  • Les éditeurs qui sélectionnent et fabriquent les livres ; il en existe une multitude en France, depuis les éditeurs d'un seul livre jusqu'aux grosses maisons d'édition.
  • Les diffuseurs envoient des représentants partout en France auprès des libraires pour faire connaître le catalogue des éditeurs ; ils travaillent souvent pour plusieurs maisons d'édition.
  • Les distributeurs, parfois du même groupe que les diffuseurs, s'occupent quant à eux de la logistique et de l'acheminement physique des livres jusqu'aux points de vente.
  • Les libraires vendent dans leurs magasins ; dans les plus gros, comme Ravy, on compte plusieurs libraires spécialisés qui gèrent chacun leur rayon, et ce sont eux qui choisissent les livres qu'ils vendent, en fonction de leur culture et de leur expérience. 

Concurrence numérique : limitée


En France, le prix du livre est unique. Ce n'est donc pas sur ce point que s'installe une concurrence. D'une librairie à l'autre, c'est la qualité de la sélection des produits, du service et du conseil qui fera la différence. 

La concurrence du numérique est à relativiser.
Le marché du livre reste très majoritairement « physique » et matériel ; il se passe encore en librairie. 
Environ 12% des ventes de livres se font par e-commerce.  
Quant au livre numérique, il représente 2% des ventes de livres. 

La boutique du libraire reste un lieu de sociabilité, où sont organisés des événements : débats, rencontres avec les auteurs, séances de signature...
Le libraire sait aussi être un homme de terrain et créer des points de vente éphémères pendant des événements (spectacles, salons, festivals), pour que le livre vienne au lecteur.

Autre concurrence, celle des grandes surfaces spécialisées et autres franchises de type Fnac, Espace Culturel ou Cultura. 
Les libraires indépendants ont trouvé une parade : mutualiser certaines dépenses, notamment celles de publicité et de communication.





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